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L’ACIERIE ASCOVAL N’A PLUS DE REPRENEUR

Choisie par le tribunal en décembre, la société Altifort n’a pas trouvé l’argent nécessaire. Les juges doivent se prononcer le 27 janvier sur l’avenir d’Ascoval.

Le plan de la dernière chance est tombé à l’eau. Altifort, qui a été désigné le 19 décembre par le tribunal de Strasbourg, pour reprendre l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) n’a pas réussi à réunir l’argent nécessaire. Le ministère de l’économie a été informé de la situation lundi 18 février par l’administrateur judiciaire. Une réunion s’est tenue mardi 19 février à Bercy, avec les salariés, les élus locaux, mais également Altifort. Ascoval emploie 281 salariés et était en redressement judiciaire depuis près d’un an.

Le plan de financement était de 152 millions d’euros, avec 47 millions d’euros d’argent public sous forme de prêts (25 millions de l’État, 12 millions de la région et 10 millions de l’agglomération de Valenciennes), le reste provenant d’Altifort, mais surtout des banques, via du crédit-bail et de l’affacturage. « Altifort nous a confirmé qu’il ne pourrait verser aucun des fonds sur lesquels il s’était engagé, ni les 10 millions de fonds propres, ni les 25 millions de levée de fonds », expliquait-on, jeudi 21 février, dans l’entourage du ministre de l’économie, Bruno Le Maire. « En l’espèce, Altifort a trompé tout le monde », affirme un conseiller.

Une audience du tribunal de grande instance de Strasbourg doit se tenir le 27 février. Les juges vont prendre acte de l’arrêt du projet de reprise. Les dirigeants d’Ascoval espèrent que le tribunal ne prononcera pas une liquidation judiciaire dans la foulée mais accordera un nouveau sursis pour trouver un repreneur. Le temps presse. « Il n’est pas question de laisser tomber et nous ne perdons pas espoir, souligne-t-on à Bercy. Nous avons déjà commencé à réactiver quelques pistes. »

Dans les Hauts-de-France, cette annonce de l’abandon d’Altifort a créé un nouveau choc. « Tout le monde s’était mis sur le dossier et a travaillé pour soutenir le projet. Non sans mal, nous avions­ même tordu le bras de l’État pour qu’il s’engage, même si nous savions que la reprise d’Ascoval représentait un gros pari pour Altifort », juge, dépité, Dominique Riquet, ancien maire de Valenciennes et aujourd’hui député européen.

Bart Gruyaert et Stanislas Vigier, les dirigeants d’Altifort, ont-ils finalement eu les yeux plus gros que le ventre? De surcroît à un mauvais moment avec le ralentissement observé en zone euro et dans l’industrie automobile, qui est un gros consommateur des aciers spéciaux d’Ascoval.

C’est un peu le sentiment qui prédomine aujourd’hui, même si l’administrateur judiciaire, Guilhem Bremond, se demande comment les dirigeants d’Altifort ont pu expliquer en décembre disposer des fonds propres nécessaires alors qu’ils ne les avaient pas. L’entreprise a grandi vite. Trop? Créé en 2014, ce petit conglomérat industriel, affichait 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017 (contre 150 millions pour Ascoval, avec le rachat d’une petite dizaine d’entreprises).

La décision de Vallourec, qui était actionnaire à 40 % d’Ascoval, de ne pas soutenir le projet en étant le principal client de l’usine, n’a pas facilité non plus la tâche d’Altifort, alors que le marché de l’acier est déjà en surcapacité.

Article publié le 21 février 2019 par La Croix. Vous pouvez le retrouver sur le site du journal.

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