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Crise de l’acier européen (Vallourec) : ma question à Emmanuel Macron (et sa réponse).

Crise de l’acier européen (Vallourec) : à voir ou à revoir ma question à Emmanuel Macron lors d’un échange de vues sur la sidérurgie en Europe, le lundi 15 février 2016 au Parlement européen.

Ma question :

 

Monsieur le Ministre, bien qu’étant député libéral, et lui socialiste (Edouard Martin), nous travaillons ensemble sur ce sujet depuis longtemps. Je suis aussi d’un pays de sidérurgie. Je rappelle que mon bassin de population a perdu 40 000 emplois dans la sidérurgie et la mine au cours des années 70 et 80… Donc nous avons d’ores et déjà payé très cher. Ce qu’il se passe actuellement à Vallourec, ce n’est donc pas le début d’une histoire, mais plutôt la fin.

Le libéral que je suis a beaucoup aimé ce que vous avez dit en rappelant que la liberté suppose des règles. Effectivement il n’y a pas de libéralisme sans règles, et ce contrairement à ce que pourraient croire des « libéraux » décervelés. En clair, s’il n’y a pas de règles du jeu, il n’y a pas de jeu. Nous nous sommes ainsi retrouvés avec Edouard Martin pour soutenir ce travail, qu’il a porté comme rapport.

Je voulais poser une seule question : dans l’équilibre général mondial sur ce sujet, la Chine n’est pas seulement en rapport avec l’Europe. Elle est aussi, je suppose, en rapport avec l’ensemble des puissances économiques installées ou émergentes. Ma question, la question du baudet finalement, de celui qui ne savait pas, c’est : quelle est la position des États-Unis vis-à-vis de la Chine qui a 300 millions de tonnes d’excédents de production ? Autrement dit, est-ce que la Chine menace le marché américain comme elle menace le nôtre ? Les Américains ont-ils déjà pris des mesures ? Quelle est la discussion avons-nous éventuellement avec notre partenaire transatlantique sur ce sujet dans cette espèce de jeu à trois, nous qui sommes spécialistes du jeu de couple.

Réponse d’Emmanuel Macron :

Bien sûr, beaucoup d’autres économies sont touchées par les mesures chinoises. On a beaucoup parlé de la Chine, mais il y a aussi, à moindre égard, la Russie et la Biélorussie. Les Américains ont réagi beaucoup plus vite, ils ont ouvert d’ailleurs plusieurs enquêtes. Elles sont en train d’aboutir avec l’instauration de droits anti-dumping qui sont beaucoup plus élevés car il n’y a pas la règle du droit moindre. C’est précisément ce veut pouvoir modifier. Et ça c’est au Conseil (de l’Union européenne) de le faire.

Mais, en moyenne, la procédure de mise en œuvre des mesures provisoires, que nous nous venons également d’actionner, est de deux mois aux États-Unis contre neuf mois en Europe. Donc si on compare, les Américains ont réussi, sur les zones qui étaient les plus fragiles, à sortir beaucoup plus rapidement l’acier chinois. Mesures provisoires en deux mois, ils sont (déjà) en train de mener le travail pour adopter des mesures définitives. S’ils ne les ont toujours pas prises, la mesure provisoire suffit déjà à stopper et à endiguer beaucoup de choses. Et en même temps, ils ont des droits très élevés, jusqu’à 300%. En cela, tant que nous n’aurons pas revu le paquet et que le Conseil n’aura pas pris ses responsabilités pour revenir sur la règle du droit moindre, nous ne serons pas aussi efficaces que les Américains dans le dispositif. 

 

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