Ils en parlent

Nuit debout : ce n’est pas le système qu’il faut changer, ce sont les hommes ! – France 24

Ici l’Europe, France 24, le samedi 14 mai : j’étais l’invité à l’émission Ici l’Europe sur France 24 pour débattre des mouvements citoyens en Europe et notamment de Nuit debout.

F24

Ici l’Europe est une émission présentée par Caroline de Caramet.  En France, « Nuit debout » en est le dernier exemple en date : les mouvements citoyens connaissent un nouvel essor en Europe. Après les Indignés, Podemos ou Occupied Belgium, ces militants d’un nouveau genre veulent porter le débat dans les rues. La démocratie participative est en marche mais peut-elle accoucher d’un renouveau en politique ?

Verbatim de mes interventions :

Nuit débout, en plein état d’urgence, ce n’est pas sérieux ?

Il y a deux problèmes très différents : il y a un problème de sûreté et sécurité, qui doit être réel mais apparemment jusqu’ici ça se passe pas trop mal pour la sécurité des occupants, bon, il y a un peu plus avec de difficultés avec l’espace public et les voisins. Je pense que ça c’est un problème, mais ce n’est pas le problème politique, celui dont on parle là, qui est celui de la démocratie participative versus la démocratie représentative.

[…]

C’est intéressant car, le Mouvement 5 étoiles d’Italie, c’est probablement le mouvement qui procède le plus du type d’économie participative, et finalement, il a aucune capacité opérationnelle politique si vous considérez ce qu’il se passe au Parlement européen : ils n’ont pas de ligne politique, ils n’ont pas d’action politique, ils ont un vote complément éclaté, et ça continue à être une agora mais ils ont perdu beaucoup de crédibilité. Moi je donne rendez-vous aux prochaines élections italiennes, je pense qu’ils seront en difficulté. La question c’est qu’il y a une grande différence entre le débat et l’action. Le débat précède et porte l’action, c’est clair, mais vous ne pouvez pas rester au stade du débat. Le débat permanent n’est pas productif, et c’est la différence d’ailleurs entre un système participatif et un système représentatif. C’est d’ailleurs pour cela que les deux existent, parce que je rappelle quand même que des mouvements du type Podemos, ils peuvent aussi déboucher sur autre chose qu’un mouvement politique représentatif : une révolution.

[…]

Si on parle de « gouverner », au sens très large du terme, il ne suffit pas de s’exprimer, il faut pouvoir proposer et s’organiser. C’est le principe même. Donc la balance entre la démocratie représentative et participative, elle existe en Europe depuis 200 ou 250 ans à peu près, avec des variantes. Ce qui est nouveau en revanche, ce sont deux choses : la globalisation et les systèmes d’information en temps réel, qui permettent de réunir ou de consulter des masses extrêmement importantes de gens. Ça, ce sont des phénomènes nouveaux. Et troisièmement, il y a phénomène critique dans le cadre de la mondialisation.

Tout cela fait qu’il y a une crise de la démocratie représentative et des corps intermédiaires, dont on n’a pas parlé d’ailleurs, et qui sont pris dans le même débat. Et donc finalement la base, c’est-à-dire les gens qui font de la démocratie participative, exprime à la fois sa déception ou son désarroi ainsi que la volonté que les choses changent et s’organisent différemment. Mais il faudra qu’elles s’organisent.

En tant que tel, les manifestations de ce genre apportent beaucoup au paysage et à la discussion et doivent déboucher, c’est l’exemple de Podemos, sur des organisations opérationnelles.

[…]

Une chose qui me parait très importante : on ne peut pas dire, comme vous venez de le dire, que la démocratie ne fonctionne pas en Europe. On est dans un système démocratique. Certes, vous pouvez estimer que ce système doit changer ou être amélioré, mais c’est dangereux de considérer que nous ne sommes pas dans un système démocratique car regardez le monde autour de nous. D’ailleurs, on a un système qui donne à tout le monde le droit de s’exprimer : Nuit Debout, Podemos, Syriza, Movimento 5 Stelle… Vous êtes dans un système démocratique : les médias ne sont pas contrôlés, les gens peuvent voter, les gens peuvent manifester, il n’y a pas de répressions… Il ne faut pas laisser l’idée que le système actuel n’est pas démocratique, c’est très dangereux à mon avis.

Vous pouvez retrouver l’intégralité du débat en vidéo sur le site de l’émission Ici l’Europe, en cliquant ici.

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