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Dieselgate : l’incroyable arrogance de Ségolène Royal – Les Echos

Les Echos, le 25 novembre – Dieselgate : Royal et la France sous le feu des députés européens.

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La ministre a été auditionnée par la commission d’enquête parlementaire. Un exercice tendu, alors que les élus dénoncent le double jeu de la France

« Moi qui croyait que vous m’aviez fait venir pour me féliciter ! » Ségolène Royal n’a pas été déçue de son déplacement ce jeudi à Strasbourg, au Parlement européen, pour répondre aux questions de la commission d’enquête sur les émissions diesel dans l’automobile. L’odeur de la poudre planait depuis des mois déjà – la ministre a longtemps rechigné à venir s’expliquer – et s’est renforcée dès les premiers échanges, du fait d’un retard d’une heure de la ministre… qui lui a permis d’écourter les questions. « Il me semble qu’en TGV l’on peut arriver en 1h50 de Paris », s’est agacé d’entrée le premier parlementaire à ouvrir le feu des questions.

Il a trouvé à qui parler. Ne déviant jamais de sa ligne, la ministre a fermement repoussé toutes les accusations. Les contrôles menés en France n’ont pas décelé la tricherie de VW avant que le scandale n’éclate depuis les Etats-Unis ? « Aucun Etat n’a rien vu. Personne ne pouvait imaginer cela », rétorque-t-elle, préférant pointer la « rapidité » et la « transparence » avec laquelle elle a ensuite réagi, en lançant la Commission Royal, « indépendante » et chargée de tester 86 véhicules. « J’ai pris le problème à bras le corps », martèle-t-elle, érigeant la France – et surtout elle-même – en modèle de « courage » sur ce dossier. La France est accusée de protéger Renault ? Faux, ses véhicules ont été testés comme les autres et «aucun autre pays européen n’a lancé d’enquête à l’encontre d’un de ses constructeurs nationaux » , lance-t-elle, alors que la France a transmis ce dossier, comme celui de VW, à la justice .

Preuve que la France ne chercherait pas à enterrer le dossier, les investigations se poursuivent sur d’autres constructeurs comme Volkswagen, Peugeot, Fiat, mais aussi sur d’autres marques, précise la ministre. Elle menace même de « procéder à des retraits de mise sur le marché » de véhicules selon les conclusions des enquêtes en cours.

Les parlementaires européens avaient eux aussi bien préparer leur argumentaire. En réponse, ils pointent sans concession le double discours de la France, qui affiche publiquement une position « dure » sur les émissions de diesel… mais a donné il y a un an son feu vert à l’assouplissement des futures normes d’homologation « RDE ». En octobre 2015, les représentants français du comité technique européen avaient ainsi voté pour la mise en place , entre 2017 et 2019, d’un niveau de tolérance de 2,1 fois par rapport au plafond d’émission de NOx théorique (80mg/km).

« Depuis, j’ai désavoué mon administration ; j’ai remis de l’ordre. C’est une décision qui doit être politique, pas laissée aux techniciens », répond Ségolène Royal, droite dans ses bottes mais peinant à convaincre quand elle renvoie ainsi la faute sur le zèle supposé d’un haut fonctionnaire « intervenu sans mes instructions » 

« Vous vous déchargez de vos responsabilités  ! » lui assène l’euro-député centriste Dominique Riquet, tandis que le présumé fautif, Laurent Michel, patron de la DGE, siégeait pendant tout le temps de cette audition, silencieux, aux côtés de la ministre !

Peu importe les ratés du passé, Ségolène Royal promet de se battre pour exiger des normes plus strictes via la « clause de révision » annuelle prévue par le texte. Mais celle-ci ne sera pas étudiée avant plusieurs mois et « les chances d’obtenir de suite une révision proche de zéro », confient un officiel européen. Elle s’est en outre dite favorable à la création d’une agence européenne d’homologation chapeautant les agences nationales. C’est un bon point pour les eurodéputés, qui la réclament, mais une source de tensions avec l’Allemagne, résolument contre. Ségolène Royal promet enfin que la France optera pour une position ferme sur les tests RDE des rejets de particules fines, dossier dans lequel certaines ONG voient les prémices d’un « Essencegate. »

« L’audition a été marquée, tant sur la forme que sur le fond, par l’incroyable arrogance de Ségolène Royal. Elle nous fait des promesses pour le futur, mais n’assume pas ses responsabilités passées », conclut Dominique Riquet

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