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The Force Awakens (again) – La Force se réveille

En 2015 sortira l’épisode VII de Star Wars, mais laissons le leadership de la fiction à Hollywood et remportons la vraie guerre des étoiles. Tribune de Dominique Riquet dans le Magazine du Parlement européen.

article Space technology

La version en Français de la tribune de Dominique Riquet

À la fin de cette année, nous devrions enfin pouvoir bénéficier des premiers services commerciaux liés à Galileo. Malgré sept ans de retard par rapport au calendrier initial, le jeu en vaut plus que jamais la chandelle! Rappelons brièvement l’intérêt du projet de créer un système européen de radionavigation par satellite.

A l’heure actuelle, nous dépendons excessivement du GPS américain.

Cette dépendance crée d’abord un problème d’ordre stratégique, puisque nous ne maîtrisons pas les satellites sur lesquels se base notre politique étrangère et de sécurité. Comme dans les domaines de l’énergie et du numérique, l’accès de l’Europe à l’espace ne doit pas être fonction du bon vouloir de pays tiers! L’espace est indissociable de notre souveraineté, ne le laissons pas aux autres. Cessons de subir les 3 « G » : GPS, Gazprom et Google.

En outre, la qualité des systèmes actuels laisse quelque peu à désirer, notamment en ce qui concerne la précision du signal. Les données (les data) recueillies par les systèmes de radionavigation par satellite sont pourtant devenues de plus en plus précieuses dans un grand nombre de domaines, en particulier le transport. Au quotidien, elles augmentent la sécurité des déplacements, facilitent l’écoulement des flux, permettant ainsi de réduire la congestion et l’impact sur l’environnement.

Avec la mise en place d’EGNOS (European Geostationary Navigation Overlay Service), qui permet d’améliorer le positionnement du GPS (3 mètres au lieu de 17 mètres), des progrès sensibles ont été réalisés. Dans le transport maritime par exemple, ce système permet d’orienter les navires à travers des canaux étroits ou de faciliter l’exploitation des ressources halieutiques au large de nos côtes. Dans le secteur de l’aviation, EGNOS fournit une assistance pour le sauvetage en montagne ou encore l’atterrissage d’avions volumineux dans des aéroports de taille moyenne.

Galileo et son signal encore plus précis nous offre de nouvelles opportunités : favoriser le développement du transport multimodal, guider les tracteurs pour augmenter le rendement des récoltes ou même développer des services d’aide aux personnes âgées ou handicapées (par exemple, les personnes atteintes d’Alzheimer qui se seraient perdues).

L’exploitation de l’espace a été à nouveau sous les feux de la rampe avec le retentissant succès de la mission Rosetta. Ne brisons pas le formidable élan suscité par la petite Philae. C’est un effort de longue haleine : Rosetta est la consécration de 10 ans de travail! Un accompagnement budgétaire adéquat, suffisant et sur le long terme est donc nécessaire. Or la recherche à la base de l’exploitation de l’espace est coûteuse et demande une masse critique que nous ne pouvons atteindre qu’au niveau européen. Nous devons donc encourager la mutualisation des moyens mais aussi le développement d’applications commerciales pour stimuler cette recherche, qui bénéficie à tous les Européens.

N’oublions pas toute l’industrie et les services liés directement à l’espace et à la possibilité de se géolocaliser, qui pèsent plusieurs dizaines de milliards d’euros par an. L’Europe doit garder son leadership en la matière, c’est une question de compétitivité et de préservation de nos emplois. D’ailleurs, on estime que rien que la mise en place de Galileo devrait générer au final 20 000 emplois et 2000 emplois permanents, sans compter les applications.

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